RĂ©sumĂ© La lutte des classes est une Ɠuvre de l'historien et philosophe allemand Karl Marx, elle a Ă©tĂ© publiĂ©e dans les annĂ©es cinquante. Ses travaux rĂ©alisĂ©s en sociologie et en Ă©conomie l'ont amenĂ© Ă  rĂ©diger de nombreux ouvrages politiques mais aussi Ă©conomiques. GrĂące Ă  sa formation, il a pu puiser dans son travail la notion ARTE/ CAPITALISME : Episode 4 : "Marx : la recette de la lutte des classes" from Patricia Lucas on Vimeo. A mesure que grandit la bourgeoisie, c'est-Ă -dire le capital, se dĂ©veloppe aussi le prolĂ©tariat, la classe des ouvriers modernes qui ne vivent qu'Ă  la condition de trouver du travail et qui n’en trouvent que si leur travail accroĂźt le capital. Marx la recette de la lutte des classes Awards and Nominations. Menu. Movies. Release Calendar DVD & Blu-ray Releases Top 250 Movies Most Popular Movies Browse Movies by Genre Top Box Office Showtimes & Tickets In Theaters Coming Soon Movie News India Movie Spotlight. TV Shows. What's on TV & Streaming Top 250 TV Shows Most Popular TV Shows Browse TV Vay Tiền Nhanh. La lutte des classes est une pureinvention de Marx. »La lutte des classes, on n’en veut plus !B. Kouchner, Ă©mission Le forum europĂ©en, ARTE,17 dĂ©cembre 2005Marx a-t-il inventĂ© la lutte des classes ? Il sembleraitque oui, si l’on en croit la rumeur qui voudrait quenous soyons dans des sociĂ©tĂ©s apaisĂ©es, oĂč le consensusrĂšgne sur le principe de l’économie de marchĂ©, et oĂč leseul changement crĂ©dible paraĂźt ĂȘtre celui qui fait alternerdes majoritĂ©s successives qui ne se diffĂ©rencientqu’à la marge et sont d’accord sur l’essentiel, la prĂ©servationde la propriĂ©tĂ© privĂ©e des moyens de voit-on pas le taux de syndicalisation diminuer unpeu partout en Occident, les partis rĂ©formistes devenirhĂ©gĂ©moniques et les partis communistes subsistantsĂȘtre tentĂ©s par la social-dĂ©mocratie, comme si le thĂšmede la lutte des classes et de la nĂ©cessitĂ© d’une issue rĂ©volutionnaireĂ  celle-ci Ă©tait dĂ©passĂ© ? Cette rumeur sembledonner raison Ă  ceux qui voient dans le concept de classe » une construction intellectuelle artificielle,motivĂ©e par l’idĂ©ologie et sans rĂ©pondant vĂ©ritable dansla rĂ©alitĂ© socio-historique. C’est le cas du courant depensĂ©e sociologique partisan de l’individualismemĂ©thodologique », pour lequel l’individu constituel’atome de base de la sociĂ©tĂ©, et qui comprend l’ensemblede la rĂ©alitĂ© sociale en partant des interactions entre lesagents individuels. La meilleure illustration nous en estfournie par la pensĂ©e de F. Hayek, en particulier dansDroit, lĂ©gislation et libertĂ© 1978, largement consacrĂ© Ă 1 Un guide pratique et accessible pour comprendre la pensĂ©e marxiste qui anime encore aujourd'hui les plus vifs dĂ©bats politiques et Ă©conomiques. En... Lire la suite 9,99 € Neuf Ebook TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 4,99 € ExpĂ©diĂ© sous 2 Ă  4 semaines LivrĂ© chez vous entre le 13 septembre et le 27 septembre Un guide pratique et accessible pour comprendre la pensĂ©e marxiste qui anime encore aujourd'hui les plus vifs dĂ©bats politiques et Ă©conomiques. En vĂ©ritable esprit rĂ©volutionnaire, Karl Marx marque son Ă©poque en Ă©nonçant sa virulente critique envers le capitalisme Ă©mergent. S'appuyant Ă  la fois sur la sociologie, la philosophie, l'histoire et l'Ă©conomie, il dĂ©fend la cause de l'homme, Ă  la fois produit et producteur de son environnement. Ce livre vous permettra d'en savoir plus sur La vie de Karl Marx. Ses principaux contemporains. Sa pensĂ©e et ses apports en Ă©conomie, dont les concepts de matĂ©rialisme historique et de lutte des classes. Les limites de sa rĂ©flexion. Les rĂ©percussions historiques de sa vision. Le mot de l'Ă©diteur Avec l'auteur, Gabriel Verboomen, nous avons cherchĂ© Ă  prĂ©senter aux lecteurs la thĂ©orie Ă©conomique de ce grand penseur du XIXe siĂšcle. A la fois historien, philosophe, sociologue et Ă©conomiste, Karl Marx rĂ©volutionne la pensĂ©e classique de l'Ă©poque et replace l'homme au centre du systĂšme Ă©conomique.» JULIETTE NEVE A PROPOS DE LA SERIE 50MINUTES Business. La sĂ©rie 50MINUTES Business» fournit des outils pour comprendre rapidement de nombreuses thĂ©ories et les concepts qui façonnent le monde Ă©conomiques d'aujourd'hui. Nous avons conçu la collection en pensant aux nombreux professionnels obligĂ©s de se former en permanence en Ă©conomie, en management, en stratĂ©gie ou en marketing. Nos auteurs combinent des Ă©lĂ©ments de thĂ©orie, des Ă©tudes de cas et de nombreux exemples pratiques pour permettre aux lecteurs de dĂ©velopper leurs compĂ©tences et leur expertise. Date de parution 18/11/2014 Editeur Collection ISBN 978-2-8062-5745-1 EAN 9782806257451 PrĂ©sentation BrochĂ© Nb. de pages 32 pages Poids Kg Dimensions 12,7 cm × 20,3 cm × 0,2 cm Contrairement Ă  une opinion parfois rĂ©pandue, Marx n’a pas dĂ©laissĂ© les questions du racisme et du colonialisme de son entreprise intellectuelle. C’est mĂȘme avec une plume acerbe qu’il s’y est opposĂ©. De l’esclavagisme au nazisme, en passant par le colonialisme, les classes dominantes ont utilisĂ© le racisme pour diviser la classe ouvriĂšre et justifier les guerres. Deux cents ans aprĂšs sa naissance, repartir des thĂšses de Marx offre-t-il un cadre d’analyse pour mieux comprendre l’origine du racisme et son lien avec le capitalisme, et pour trouver les moyens de le combattre ? Luttes de classes et antiracisme sont-ils, en somme, compatibles ? Contre une caricature du marxisme Aujourd’hui, pour certains dans la gauche, l’antiracisme serait une question secondaire, la seule contradiction fondamentale serait sociale, entre Capital et Travail. Pour d’autres, Marx n’a jamais abordĂ© la question du racisme et n’offre pas de cadre d’analyse pertinent pour aborder cette question. Or, deux cents ans aprĂšs sa naissance, retourner Ă  Marx et aux dĂ©bats et combats qu’il a inspirĂ©s au 19e et 20e siĂšcles permet au contraire, Ă  notre sens, de clarifier des enjeux majeurs actuels. L’histoire de toute sociĂ©tĂ© jusqu’à nos jours n’a Ă©tĂ© que l’histoire de luttes de classes » est une des citations les plus cĂ©lĂšbres de Marx dans le Manifeste du parti communiste. Mais que veut-elle dire rĂ©ellement ? Certains en dĂ©duisent que le marxisme est une thĂ©orie Ă©conomique dĂ©terministe, se rĂ©duisant Ă  l’opposition entre travailleurs et capitalistes dans un cadre national. Dans cette vision, le marxisme n’offrirait aucun cadre pour aborder des questions aussi essentielles que le racisme et le nĂ©o-colonialisme. Rien n’est plus faux. D’abord, Marx donne un cadre d’analyse matĂ©rialiste de l’histoire, partant du dĂ©veloppement des forces productives les usines, les technologies
 et des rapports de production matĂ©riels les rapports entre classes comme base. Dans ce sens, la base matĂ©rielle, Ă©conomique, dĂ©termine, en derniĂšre instance, la superstructure l’État, la politique, l’idĂ©ologie, la culture des diffĂ©rentes classes. Mais Marx explique que la superstructure, la politique, la lutte des idĂ©es
 peuvent Ă  leur tour peser sur la lutte des classes et, finalement, sur les rapports de production pour transformer la sociĂ©tĂ©. Marx n’est pas dĂ©terministe dans le sens qu’il montre comment les ĂȘtres humains, Ă  partir d’une comprĂ©hension du monde, peuvent non seulement le dĂ©crire mais aussi le transformer. Ensuite, si Marx place la contradiction entre Capital et Travail comme centrale dans le dĂ©veloppement du capitalisme, il montre dĂšs le dĂ©but son caractĂšre international et souligne l’importance de l’unitĂ© internationale des travailleurs. Marx et Engels, dĂšs le Manifeste du parti communiste en 1848, distinguent les communistes des autres organisations ouvriĂšres, en particulier sur le point que dans les diffĂ©rentes luttes nationales des prolĂ©taires, ils mettent en avant et font valoir les intĂ©rĂȘts indĂ©pendants de la nationalitĂ© et communs Ă  tout le prolĂ©tariat mondial ». Marx et Engels concluent par le cĂ©lĂšbre Les prolĂ©taires n’ont rien Ă  perdre que leurs chaĂźnes. Ils ont un monde Ă  y gagner. ProlĂ©taires de tous les pays unissez-vous ! » Enfin, Ă©crit le philosophe italien Losurdo, il faut se garder d’une lecture binaire de la sociĂ©tĂ©, limitĂ©e Ă  une dimension Relisons le Manifeste du parti communiste “L’histoire de toute sociĂ©tĂ© jusqu’à nos jours n’a Ă©tĂ© que l’histoire de luttes de classe”, et elles prennent des “formes diffĂ©rentes”. Le recours au pluriel laisse entendre que la lutte entre prolĂ©tariat et bourgeoisie ou entre travail salariĂ© et classes propriĂ©taires n’est qu’une des luttes de classe. Il y a aussi la lutte de classe d’une nation qui se dĂ©barrasse de l’exploitation et de l’oppression coloniale1. » Losurdo dĂ©crit ainsi le marxisme comme une thĂ©orie gĂ©nĂ©ral du conflit social toutes les luttes de l’histoire [
] ne sont que l’expression plus ou moins claire de luttes entre classe sociales. » Autrement dit, on ne peut rĂ©duire les luttes des classes Ă  une relation binaire Capital-Travail, entre bourgeois et travailleurs. Dans chaque situation concrĂšte, un entrelac particulier de contradictions peut imposer une hiĂ©rarchisation dĂ©terminĂ©e des diffĂ©rentes luttes des classes sociales. Cette hiĂ©rarchisation ne doit cependant pas empĂȘcher que chacune de ces luttes des classes soit prise en considĂ©ration2. Et surtout que cette hiĂ©rarchisation peut Ă©voluer selon les pays et les situations historiques. Marx pointe ainsi la division internationale du travail, liĂ©e au dĂ©veloppement inĂ©gal du capitalisme. Les pays oĂč se dĂ©veloppent le capitalisme dans sa forme la plus avancĂ©e comme la Grande-Bretagne partent Ă  la conquĂȘte du monde, pillant les richesses d’autres pays, colonisant, expropriant et introduisant d’autres formes de conflits que celui entre Capital et Travail. Le pillage des colonies est d’ailleurs aussi la condition sine qua non pour le dĂ©veloppement du capitalisme, comme l’explique Marx dans Le Capital Les trĂ©sors directement extorquĂ©s hors de l’Europe par le travail forcĂ© des indigĂšnes rĂ©duits en esclavage, par le pillage et le meurtre refluaient Ă  la mĂšre patrie pour y fonctionner comme capital3. » Si au niveau d’une mĂ©tropole capitaliste, la contradiction entre Capital et Travail est premiĂšre, les fondateurs du marxisme pointent la contradiction grandissante entre nations impĂ©rialistes et nations opprimĂ©es. Une nation ne peut pas devenir libre et en mĂȘme temps continuer Ă  opprimer d’autres nations », Ă©crit dĂ©jĂ  Engels, alter ego de Marx, en 1847. Alors que c’est la rencontre de la rĂ©alitĂ© des classes ouvriĂšres anglaise et française qui a fait de Marx et d’Engels des communistes, c’est la rĂ©sistance des peuples qui les amĂšne Ă  l’anticolonialisme. En 1858, la rĂ©volte des Cipayes, en Inde, marque un tournant dĂ©cisif alors que toute la presse europĂ©enne se lamente sur les tueries dont sont victimes les EuropĂ©ens » et sur la sauvagerie » des rĂ©voltĂ©s, seuls Marx et Engels prennent leur dĂ©fense. Puis, quand les Chinois se rĂ©voltent contre les interventions occidentales, ils Ă©crivent Au lieu de crier au scandale Ă  cause de la cruautĂ© des Chinois, on ferait mieux de reconnaĂźtre qu’il s’agit d’une guerre populaire pour la survie de la nation chinoise4. » En Irlande, colonie de l’Angleterre, Marx et Engels travaillent avec le mouvement anticolonial des Fenians pour eux, dans l’Irlande du 19e siĂšcle, la question sociale » se pose comme une question nationale ». Pour l’Irlande, l’Inde ou la Chine, la lutte des classes devient celle qui oppose les classes qui s’opposent Ă  l’oppression nationale et les classes qui dĂ©fendent la colonisation. LĂ©nine, Ă  la suite de Marx, combat aussi une vision Ă©conomiste, rĂ©ductionniste du marxisme, une vision qui rĂ©duirait le conflit social uniquement Ă  celui entre le travailleur et son patron. Dans son Que Faire ? en 1902, il Ă©crit La conscience de la classe ouvriĂšre ne peut ĂȘtre une conscience politique vĂ©ritable si les ouvriers ne sont pas habituĂ©s Ă  rĂ©agir contre tous abus, toute manifestation d’arbitraire, d’oppression, de violence, quelles que soient les classes qui en sont victimes, et Ă  rĂ©agir justement du point de vue marxiste, et non d’un autre5. Autrement dit, LĂ©nine plaide pour que le travailleur prenne parti contre l’exploitation Ă©conomique qu’il subit mais aussi contre d’autres formes d’oppression discriminations, racisme, autoritarisme, rĂ©pression policiĂšre
 qu’il subit directement mais que d’autres couches de la sociĂ©tĂ© subissent Ă©galement. LĂ©nine avance qu’il est indispensable de lutter radicalement pour l’égalitĂ© des droits pour arriver Ă  s’émanciper du capitalisme. Et il dĂ©montre comment le capitalisme attaque les droits des minoritĂ©s nationales comme banc d’essai pour rĂ©duire les droits de la population tout entiĂšre. Une nation ne peut pas devenir libre et en mĂȘme temps continuer Ă  opprimer d’autres nations », Ă©crit Engels. LĂ©nine dĂ©fend le point de vue que la lutte pour changer fondamentalement de sociĂ©tĂ© n’est pas un acte unique, une bataille unique sur un seul front, [mais que] c’est toute une Ă©poque de conflits de classes aigus, une longue succession de batailles sur tous les fronts, c’est-Ă -dire sur toutes les questions d’économie et de politique ». Que ce soit sur le terrain des droits dĂ©mocratiques ou pour combattre le nationalisme, le racisme et l’antisĂ©mitisme ou encore pour dĂ©fendre le droit des nations opprimĂ©s Ă  se libĂ©rer du colonialisme
 Il ajoute qu’un bouleversement de l’ordre social peut Ă©clater non seulement Ă  la suite d’une grande grĂšve ou d’une manifestation de rue, ou d’une Ă©meute de la faim, ou d’une mutinerie des troupes, ou d’une rĂ©volte coloniale, mais aussi Ă  la suite d’une quelconque crise politique ou Ă  la faveur d’un rĂ©fĂ©rendum Ă  propos de la sĂ©paration d’une nation opprimĂ©e, etc6. » En somme, LĂ©nine souligne les multiples dimensions de l’oppression sous le capitalisme. Et la nĂ©cessitĂ© de s’y opposer de façon multiforme. Marx et la lutte pour l’égalitĂ© des droits La rĂ©volution amĂ©ricaine de 1776 et la rĂ©volution française de 1789 marquent le passage de l’hĂ©gĂ©monie du capitalisme sur la fĂ©odalitĂ©. La fĂ©odalitĂ© est caractĂ©risĂ©e par une division en classes entre seigneurs et serfs, un systĂšme politique arbitraire basĂ© sur le droit divin. L’égalitĂ© entre les hommes et la libertĂ© politique ne sont pas Ă©voquĂ©es, elles sont combattues. Le seigneur a droit de vie ou de mort sur le serf. Le capitalisme montant au 18e siĂšcle, pour se libĂ©rer du fĂ©odalisme et de son arbitraire Ă©touffant, de ses entraves au marchĂ©, va proclamer la nĂ©cessitĂ© de l’égalitĂ© en droits entre les hommes. C’est un tournant majeur par rapport Ă  l’Ancien RĂ©gime et c’est la base politique de la bourgeoisie pour renverser les privilĂšges de la noblesse. La proclamation des droits de l’homme, de l’égalitĂ© et de la libertĂ© entre les hommes, lors des rĂ©volutions amĂ©ricaine et française n’aboutit pourtant pas Ă  la fin de l’exploitation, de l’oppression et des discriminations. Au contraire mĂȘme, le capitalisme va ouvrir une pĂ©riode de dĂ©veloppement du racisme. Marx va analyser ce paradoxe apparent la proclamation des droits Ă©gaux n’aboutit pas Ă  leur rĂ©alisation pour la majoritĂ© de la population sous le capitalisme. Il Ă©crit Chaque paragraphe de la Constitution contient, en effet, sa propre antithĂšse [
] Dans le texte, la libertĂ© ; dans la marge, la suppression de cette libertĂ©. [
] L’existence constitutionnelle de la libertĂ© resta entiĂšre, intacte, bien que son existence rĂ©elle fĂ»t totalement anĂ©antie7. » Marx montre la source Ă©conomique Ă  la base de ce paradoxe la bourgeoisie a proclamĂ© ses droits, pour supplanter la noblesse, pas du tout pour donner l’égalitĂ© au reste du peuple, qu’il doit exploiter et opprimer. Ce qui fera dire Ă  Marx L’application du droit de l’homme Ă  la libertĂ©, c’est le droit de l’homme Ă  la propriĂ©tĂ© privĂ©e8. » À la proclamation des droits universels de l’homme, succĂšdent directement la limitation ou l’absence de ces droits pour une grande partie. Ainsi, au sein des mĂ©tropoles, par exemple en France, dans la lutte de classes entre Travail et Capital, les droits des travailleurs sont immĂ©diatement limitĂ©s par la Loi Chapelier 1791 qui interdit quasiment le droit d’organisation et de grĂšve des travailleurs qui menacerait le droit Ă  la propriĂ©tĂ© privĂ©e ». La discrimination censitaire fera en sorte que la classe ouvriĂšre et les couches les plus pauvres seront exclues du droit de vote aux Ă©lections durant plus d’un siĂšcle un siĂšcle et demi pour les femmes. Mais lĂ  oĂč l’égalitĂ© en droits est le plus niĂ©, combattu, justifiĂ©, c’est pour les esclaves et les peuples colonisĂ©s. Qui n’ont aucun droit. Et le racisme sert Ă  justifier cette inĂ©galitĂ©. On peut le voir avec l’esclavagisme aux États-Unis. Il se dĂ©veloppe de maniĂšre fulgurante aprĂšs la rĂ©volution bourgeoise amĂ©ricaine Le total de la population esclave en AmĂ©rique s’élevait Ă  environ 33 000 en 1700, Ă  presque trois millions en 1800, pour atteindre finalement un pic de plus de six millions dans les annĂ©es cinquante du XIXe siĂšcle9. » Ce dĂ©veloppement est directement liĂ© au dĂ©veloppement vertigineux du capitalisme, en particulier de l’industrie textile britannique qui s’alimentait en coton produit au sud des États-Unis, dans ce qu’on a appelĂ© le commerce triangulaire les Noirs d’Afrique Ă©taient dĂ©portĂ©s aux AmĂ©riques comme esclaves pour y ĂȘtre exploitĂ©s et permettre l’approvisionnement de l’Europe en produits des AmĂ©riques. C’est ainsi qu’on retombe sur ce paradoxe apparent la rĂ©volution libĂ©rale aux États-Unis, qui proclame des principes de libertĂ© et d’égalitĂ©, va de pair avec le dĂ©veloppement de l’esclavage racial. Dans les premiĂšres dĂ©cennies qui suivirent l’indĂ©pendance de 1776, presque tous les prĂ©sidents des États-Unis Ă©taient propriĂ©taires d’esclaves Washington, mais aussi Jefferson, l’auteur de la DĂ©claration d’indĂ©pendance, Madison, un des principaux auteurs de la Constitution. Aux États-Unis, l’esclavage durera jusqu’à la fin de la guerre de SĂ©cession, c’est-Ă -dire 1865. A la grande fureur de leurs maĂźtres français les esclaves haĂŻtiens ont pris au mot la devise de la RĂ©volution française, LibertĂ©, EgalitĂ©, FraternitĂ© ». En France, NapolĂ©on combattra la grande rĂ©volution victorieuse des esclaves noirs de Saint-Domingue, aujourd’hui HaĂŻti, rĂ©volution dirigĂ©e par le grand Toussaint Louverture en 1800. Or, les esclaves haĂŻtiens ont pris au mot la devise de la RĂ©volution française, LibertĂ©, EgalitĂ©, FraternitĂ© », Ă  la grande fureur de leurs maĂźtres français qui ne voulaient pas de cette Ă©galitĂ©. De cette rĂ©volution remarquable va naĂźtre le premier État du continent amĂ©ricain Ă  abolir l’esclavage. Ensuite, l’esclavage va disparaĂźtre dans presque toute l’AmĂ©rique latine grĂące au mouvement de libĂ©ration et d’indĂ©pendance de Simon Bolivar, fortement influencĂ© par la rĂ©volution haĂŻtienne. Une rĂ©volution qui va inspirer Marx et le mouvement socialiste naissant. Marx va alors s’engager pour soutenir les forces qui, aux États-Unis, combattent l’esclavagisme et les propriĂ©taires d’esclaves du Sud. Dans une lettre au prĂ©sident Lincoln, il Ă©crit que la rĂ©bellion des esclavagistes sonne le tocsin pour une croisade gĂ©nĂ©rale de la propriĂ©tĂ© contre le travail et avance que tant que les travailleurs amĂ©ricains blancs permirent Ă  l’esclavage de souiller leur propre RĂ©publique ; tant qu’ils se glorifiĂšrent de jouir – par rapport aux Noirs qui avaient un maĂźtre et Ă©taient vendus sans ĂȘtre consultĂ©s – du privilĂšge d’ĂȘtre libres de se vendre eux-mĂȘmes et de choisir leur patron, ils furent incapables de combattre pour la vĂ©ritable Ă©mancipation du travail ou d’appuyer la lutte Ă©mancipatrice de leurs frĂšres europĂ©ens10. Car le dĂ©veloppement du racisme a servi Ă  justifier l’exclusion des Noirs du champ oĂč s’exerce la dĂ©mocratie » et Ă  lĂ©gitimer dĂ©mocratiquement » l’esclavagisme. L’auteure marxiste amĂ©ricaine Ellen Meiksins Wood l’écrit ainsi C’est prĂ©cisĂ©ment la pression structurelle contre une diffĂ©rence extra-Ă©conomique qui a rendu nĂ©cessaire de justifier l’esclavage en excluant les esclaves de la race humaine, faisant d’eux des non-personnes se trouvant en dehors de l’univers normal de la libertĂ© et de l’égalitĂ©11 » . Marx, l’Irlande et la lutte contre le racisme Durant les premiĂšres annĂ©es de leur sĂ©jour en Angleterre dans les annĂ©es 1850, Marx et Engels placent beaucoup d’espoir dans les travailleurs anglais pour ĂȘtre les pionniers de la libĂ©ration de la classe ouvriĂšre, Ă©tant donnĂ© qu’ils sont au cƓur du systĂšme capitaliste le plus avancĂ©. Mais assez vite, ils sont confrontĂ©s Ă  la division entre les travailleurs d’origine anglaise et irlandaise. L’Irlande est une colonie anglaise. Ce pays est confrontĂ© Ă  l’expropriation systĂ©matique des terres irlandaises par les grands propriĂ©taires fonciers anglais, par une rĂ©pression sans nom que certains compareront Ă  celle des Indiens d’AmĂ©rique. L’üle est vidĂ©e de ses habitants qui Ă©migrent aux États-Unis et en Grande-Bretagne, oĂč ils sont doublement opprimĂ©s comme tout travailleurs dans le systĂšme capitaliste et comme Irlandais ayant un salaire et un statut infĂ©rieurs. Cette situation permet aux capitalistes de faire pression Ă  la baisse sur les salaires de toute la classe ouvriĂšre. Mais cette oppression supplĂ©mentaire du travailleur irlandais est politique, car le travailleur irlandais a moins de droits, pouvant ĂȘtre expulsĂ© et pourchassĂ© Ă  tout moment. Et cette oppression est idĂ©ologiquement justifiĂ©e par la bourgeoisie en attisant les prĂ©jugĂ©s nationalistes de supĂ©rioritĂ© chez le travailleur anglais. L’asservissement de l’Irlande empĂȘche l’émancipation de la classe ouvriĂšre anglaise, dit Marx. Mais il va plus loin Ce qui est primordial, c’est que chaque centre industriel et commercial d’Angleterre possĂšde maintenant une classe ouvriĂšre divisĂ©e en deux camps hostiles les prolĂ©taires anglais et les prolĂ©taires irlandais. L’ouvrier anglais moyen dĂ©teste l’ouvrier irlandais en qui il voit un concurrent qui dĂ©grade son niveau de vie. [
] Il se berce de prĂ©jugĂ©s religieux, sociaux et nationaux contre les travailleurs irlandais. Il se comporte Ă  peu prĂšs comme les blancs pauvres vis-Ă -vis des noirs dans les anciens États esclavagistes des États-Unis12. On voit bien que pour Marx, ce racisme anti-Irlandais est tout Ă  la fois un instrument d’oppression Ă©conomique, politique et idĂ©ologique. Et Marx pointe le danger mortel du racisme dans la lutte contre le capitalisme Cet antagonisme est le secret de l’impuissance de la classe ouvriĂšre anglaise, malgrĂ© son organisation. C’est le secret du maintien au pouvoir de la classe capitaliste, et celle-ci en est parfaitement consciente. [
] La tĂąche de l’Internationale est donc en toute occasion de mettre au premier plan le conflit entre l’Angleterre et l’Irlande, et de prendre partout ouvertement parti pour l’Irlande. Il doit s’attacher tout particuliĂšrement Ă  Ă©veiller dans la classe ouvriĂšre anglaise la conscience que l’émancipation nationale de l’Irlande n’est pas pour elle une question abstraite de justice ou de sentiments humanitaires, mais la condition premiĂšre de leur propre Ă©mancipation sociale. » Marx en a conclu que pour le travailleur, pas seulement en Angleterre, mais dans le monde entier, pour ĂȘtre libĂ©rĂ©, pour dĂ©truire le systĂšme capitaliste, le systĂšme colonial devait tomber13 », explique Mary Gabriel, auteure d’une biographie sur Marx. Il y a dans l’analyse de Marx les prĂ©misses d’une analyse du racisme moderne un puissant moyen de diviser les travailleurs et de les mettre en concurrence Ă  l’intĂ©rieur des mĂ©tropoles impĂ©rialistes et un instrument de justification du colonialisme et des guerres impĂ©rialistes Ă  l’extĂ©rieur. L’impĂ©rialisme et la lutte contre le chauvinisme Dans la deuxiĂšme moitiĂ© du dix-neuviĂšme siĂšcle, le capitalisme s’étend largement au-delĂ  des frontiĂšres nationales, cherche de nouveaux marchĂ©s et ouvre l’ùre de ce qu’on appelle l’impĂ©rialisme. C’est le temps de la colonisation de l’Afrique et de l’Asie par les pays europĂ©ens et celui des nouveaux empires. Cette pĂ©riode ouvre aussi une nouvelle phase du dĂ©veloppement du racisme en Europe. Si c’est d’abord le moteur Ă©conomique du systĂšme qui pousse Ă  la colonisation, d’autres motivations plus politiques sont aussi Ă  l’Ɠuvre. Il s’agit pour les classes dominantes de diviser la classe des travailleurs et de propager le chauvinisme, ce patriotisme exclusif et agressif. Le monde du travail, appauvri, commence Ă  s’organiser dans les syndicats et les coopĂ©ratives. La premiĂšre Internationale des travailleurs voit le jour en 1864, la Commune de Paris fait trembler le continent europĂ©en en 1871. Les tenants de l’ordre Ă©tabli ont eu peur et voient dans la colonisation une opportunitĂ© ils peuvent exporter le prolĂ©tariat excĂ©dentaire » vers les colonies, ce qui permet de calmer la rĂ©volte sociale qui gronde en mĂ©tropole. Aux Etats-Unis, avant la guerre de SĂ©cession, le dĂ©veloppement du racisme a servi Ă  justifier l’exclusion des Noirs du champ oĂč s’exerce la dĂ©mocratie ». L’écrivain Ernest Renan, peu aprĂšs la Commune de Paris, Ă©crit La colonisation est une nĂ©cessitĂ© politique tout Ă  fait de premier ordre. Une nation qui ne colonise pas est irrĂ©vocablement vouĂ©e au socialisme, Ă  la guerre du riche et du pauvre14 ». Pour Ă©viter son renversement, la classe dominante favorise ouvertement une sorte de socialisme impĂ©rial ». Elle justifie ainsi dans la classe ouvriĂšre les conquĂȘtes coloniales et donne quelques miettes du gĂąteau colonial Ă  une petite minoritĂ© de travailleurs ce que LĂ©nine appellera l’aristocratie ouvriĂšre » afin d’éviter le spectre d’une rĂ©volution sociale. Une perspective totalement opposĂ©e Ă  celle des fondateurs du marxisme. Il est possible que l’Inde fasse la rĂ©volution et puisque le prolĂ©tariat en lutte pour la libĂ©ration ne peut mener des guerres coloniales, il lui faudra accepter ce processus. [
] La mĂȘme chose pourrait se produire ailleurs, par exemple en AlgĂ©rie et en Egypte, et pour nous, ce serait certainement ce qui serait le mieux », Ă©crit Engels dĂšs 188215, montrant ainsi le lien qui existe entre la lutte de libĂ©ration nationale dans les pays du Sud et la lutte pour le socialisme au Nord. Au tournant du 20e siĂšcle, deux courants vont s’opposer dans le mouvement ouvrier europĂ©en. L’un est portĂ© par Bernstein et consorts qui vont reprendre la logique du socialisme impĂ©rial », l’autre est incarnĂ© par LĂ©nine et bien d’autres qui s’inspirent de l’internationalisme de Marx. L’Allemand Bernstein, pĂšre du rĂ©formisme social-dĂ©mocrate, Ă©crit Sans l’expansion coloniale de notre Ă©conomie, la misĂšre que nous avons encore aujourd’hui en Europe et que nous nous efforçons d’éradiquer serait bien plus grave et nous aurions beaucoup moins d’espoir de l’éliminer. MĂȘme si on le met en balance avec les mĂ©faits du colonialisme, l’avantage procurĂ© par les colonies pĂšse de plus en plus lourd dans la balance16. En Belgique aussi, ce socialisme impĂ©rial gagne une majoritĂ© des dirigeants du monde du travail. Le prĂ©sident du POB, Vandervelde, ne s’oppose pas par principe Ă  la colonisation mais seulement Ă  ses excĂšs les plus manifestes. Dans son livre La Belgique et le Congo, Vandervelde estime qu’abandonner la colonie Ă©quivaudrait Ă  une humiliation morale17, tandis que dans Les derniers jours de l’Etat du Congo, il lance un appel aux milliers de jeunes gens [en Belgique] qui assiĂšgent les ministĂšres pour obtenir une misĂ©rable place. [
] Qu’ils aillent plutĂŽt au Congo. Ils y trouveront des traitements plus Ă©levĂ©s et surtout une vie plus libre et plus intĂ©ressante, au milieu de toutes les possibilitĂ©s des pays neufs, dans la majestueuse solitude des forĂȘts de la brousse18. » Vandervelde recrute activement des colons, se plaçant clairement du cĂŽtĂ© de l’oppression coloniale. Ce socialisme impĂ©rial de la premiĂšre moitiĂ© du vingtiĂšme siĂšcle entend obtenir des rĂ©formes sociales dans les mĂ©tropoles mais lĂ©gitime, dans le mĂȘme temps, l’expansion coloniale et son cortĂšge de massacres, ce qui le mĂšnera aussi Ă  soutenir les puissances impĂ©rialistes dans la PremiĂšre Guerre mondiale, guerre dont l’enjeu majeur sera le repartage des colonies. Il aboutira aussi Ă  dĂ©velopper un chauvinisme fortement ancrĂ© dans la tĂȘte de millions de travailleurs des mĂ©tropoles. Face au courant portĂ© par Bernstein, LĂ©nine, dans la lignĂ©e de Marx, va analyser le colonialisme comme le produit du capitalisme et de l’impĂ©rialisme, et va porter son attention sur la question des nations opprimĂ©es. En 1902, parlant de l’écrasement de la rĂ©volte des Boxers en Chine en 1900, LĂ©nine accuse les Occidentaux envahisseurs qui se sont jetĂ©s sur les Chinois comme des bĂȘtes fĂ©roces, livrant aux flammes des village sentiers
 ». LĂ©nine avance que c’est une entreprise qui vise Ă  corrompre la conscience politique des classes populaires ». Pour Ă©liminer le mĂ©contentement du peuple », on cherche Ă  le dĂ©tourner du gouvernement sur quelqu’un d’autre ». LĂ©nine avance aussi que la colonisation encourage le changement social et la rĂ©volution en Orient dans les pays colonisĂ©s ou semi-colonisĂ©s alors qu’elle renforce, au moins dans l’immĂ©diat, le pouvoir dominant en Occident. Il dĂ©nonce aussi la formation d’une aristocratie ouvriĂšre, une petite minoritĂ© de la classe ouvriĂšre qui se fait acheter matĂ©riellement et idĂ©ologiquement par les classes dominantes. Il appelle donc Ă  combattre l’impĂ©rialisme en Occident, y compris dans le mouvement ouvrier, alors qu’en Orient, il importe de soutenir sans hĂ©sitation la rĂ©volution anticoloniale. La rĂ©volution russe de 1917 ouvre ainsi une nouvelle sĂ©quence historique. En particulier, celle de la dĂ©colonisation. Les habitants de l’Asie et de l’Afrique », des centaines de millions d’ĂȘtres humains », en rĂ©bellion contre le joug imposĂ© par la mĂ©tropole capitaliste, ont rappelĂ© leur volontĂ© d’ĂȘtre des hommes et non des esclaves », indique LĂ©nine. La rĂ©vĂ©lation des traitĂ©s secrets Sykes-Picot traitĂ©s entre l’Angleterre et la France se partageant le Moyen-Orient par les SoviĂ©tiques fait Ă©merger un mouvement nationaliste sans prĂ©cĂ©dent dans le monde arabe. En Asie, la Chine mais aussi le Vietnam s’inspirent, dĂšs les annĂ©es 20, du marxisme dans leur mouvement de libĂ©ration nationale. Le nazisme L’analyse marxiste reste fĂ©conde pour l’étude de l’émergence du nazisme, alimentĂ©e par un racisme forcenĂ© qui va mener Ă  la plus grande barbarie du vingtiĂšme siĂšcle, et montre que le nazisme ne peut ĂȘtre dĂ©tachĂ© de l’analyse du dĂ©veloppement du capitalisme19, ni ĂȘtre prĂ©sentĂ© comme un excĂšs ou un accident de parcours de celui-ci. Tout comme il met en avant que la dĂ©faite du nazisme, quintessence du racisme et du colonialisme, n’a pas Ă©tĂ© une dĂ©faite limitĂ©e Ă  l’Allemagne, mais une dĂ©faite des forces rĂ©actionnaires au niveau mondial et une phase de progrĂšs de la lutte antiraciste et anticoloniale. Car si en 1871, le chancelier Bismarck proclame la crĂ©ation du IIe Reich, l’Allemagne n’est pas encore une nation en tant que telle. Le dĂ©veloppement du capitalisme y est plus tardif et, lors de la ConfĂ©rence de Berlin de 1885, quand Bismarck veut obtenir un empire colonial pour l’Allemagne, son butin » comparĂ© Ă  la Grande-Bretagne et Ă  la France est maigre. DĂšs ce moment, l’Allemagne dĂ©veloppe une armĂ©e dont l’ambition est de mener des guerres partout dans le monde pour arracher des nouvelles colonies et rattraper son retard. Pourtant, dans certains groupes d’industriels, comme les principaux dirigeants du cartel charbon-acier de la Ruhr, on juge que l’empereur allemand et son chancelier Bismarck ne sont pas assez offensifs en la matiĂšre. Ils fondent en 1890 le Alldeutscher Verband20 la Ligue Pangermanique. Les pangermanistes justifient la volontĂ© d’expansion et de conquĂȘtes de l’industrie allemande par des thĂ©ories inspirĂ©es du darwinisme social le Kampf ums Dasein se battre pour exister, le droit du plus fort, la nĂ©cessitĂ© pour le peuple allemand en croissance rapide d’avoir plus d’espace vital Lebensraum pour pouvoir survivre. Ce Lebensraum devrait se concrĂ©tiser par une nouvelle conquĂȘte de territoires Ă  l’Est. Dans l’État qu’imaginent les pangermanistes, il s’agit de dĂ©fendre l’ordre et l’exigence d’une puretĂ© de la race » de ses habitants, par la soumission Ă  l’autoritĂ©. L’unitĂ© de la nation exige l’exclusion des minoritĂ©s et de tous ceux qui pensent diffĂ©remment. Mais l’expansionnisme exige aussi la suppression des problĂšmes internes, particuliĂšrement les tensions sociales, et la mise en cause de l’existence de minoritĂ©s nationales. L’expulsion ou l’assimilation forcĂ©e des populations slave et juive des territoires annexĂ©s est mise en avant. L’Alldeutscher Verband tente de dĂ©tourner la classe ouvriĂšre du socialisme internationaliste en lui prĂ©sentant un socialisme national. Aussi, elle fait la promotion d’un nouvel antisĂ©mitisme impĂ©rialiste. Il s’agit de prĂ©senter aux travailleurs, influencĂ©s par le socialisme, une perspective de lutte contre le grand capital juif » coupable de tous les maux, qui ne mettrait pas en danger l’unitĂ© de la nation allemande si chĂšre aux industriels. Marx a conclu du cas irlandais que pour le travailleur dans le monde entier, pour ĂȘtre libĂ©rĂ©, le systĂšme colonial devait tomber ». Cet antisĂ©mitisme impĂ©rialiste est trĂšs pernicieux. Affirmant que le socialisme Ă©tait en soi un but louable, les tenants de cette thĂ©orie dĂ©fendaient qu’en affirmant notamment que l’histoire est une histoire de classes et de lutte de classes, le socialisme marxiste, lui, Ă©tait basĂ© sur une erreur historique et thĂ©orique. Pour eux, les classes devaient ĂȘtre unifiĂ©es et l’élĂ©ment unificateur Ă©tait le sang », la race ». Or, la race la plus pernicieuse », qui voulait la destruction de la race allemande », c’était, pour eux, les Juifs, qui avaient comme mĂ©thodes l’internationalisme » et la lutte de classes ». Ces mĂ©thodes avaient Ă©tĂ© importĂ©es dans le socialisme allemand honorable » par les Juifs dans le but d’affaiblir la nation allemande » preuve pour eux, Marx Ă©tait juif. Dans cette nouvelle forme du socialisme impĂ©rial qui deviendra plus tard le national-socialisme, le vrai socialisme allemand » reconnaissait la nĂ©cessitĂ© pour les travailleurs de combattre pour l’espace vital ». Jusqu’au sortir de la PremiĂšre Guerre mondiale, cet antisĂ©mitisme impĂ©rialiste n’est pas dominant. Le courant dominant dans la classe bourgeoise allemande avait obtenu le soutien des dirigeants sociaux-dĂ©mocrates pour entrer en guerre en s’appuyant sur un nationalisme classique ». Mais la guerre n’avait pas Ă©tĂ© gagnĂ©e, car Ă©puisĂ©e par quatre ans de guerre, une partie des travailleurs en armes s’était soulevĂ©e dĂ©but novembre 1918, entraĂźnant la fin de la guerre. Une fraction sans cesse grandissante de la bourgeoisie allemande, avec Ă  leur tĂȘte le gĂ©nĂ©ral Erich Ludendorff21, va alors aspirer Ă  l’anĂ©antissement le plus rapide et le plus complet possible de la social-dĂ©mocratie et du Parti communiste, et Ă  la crĂ©ation d’un mouvement ouvrier national ». Cette fraction va soutenir Adolf Hitler et son parti nazi dĂšs le dĂ©but. Reprenant l’antisĂ©mitisme du Alldeutscher Verband, Hitler voit dans cette forme de racisme un moyen puissant de diviser la classe ouvriĂšre allemande, de la dĂ©tourner du marxisme et de la nationaliser » pour servir les intĂ©rĂȘts des classes dominantes allemandes. Se faisant le porte-parole des forces allemandes les plus rĂ©actionnaires, Hitler avance que l’Allemagne doit Ă©difier en Europe orientale et en Russie un empire colonial de type continental. Le 27 janvier 1932, il prĂ©sente devant les industriels allemands ses desseins fondamentaux. Durant l’ensemble du 19e siĂšcle, “les peuples blancs” ont conquis une position dominante incontestĂ©e, au terme d’un processus qui avait commencĂ© par la conquĂȘte de l’AmĂ©rique et qui s’est dĂ©veloppĂ© sous le signe du “sentiment innĂ©, absolu, de la domination de la race blanche europĂ©enne”. En mettant en question le systĂšme colonial et en provoquant ou en aggravant la “confusion de la pensĂ©e blanche europĂ©enne”, le bolchĂ©visme fait courir un danger mortel Ă  la civilisation. Si l’on veut faire face Ă  cette menace, il faut rĂ©affirmer la “conviction de la supĂ©rioritĂ© et donc du droit supĂ©rieur de la race blanche”, il faut dĂ©fendre “la position dominante de la race blanche vis-Ă -vis du reste du monde22” ». C’est un vĂ©ritable programme de contre-rĂ©volution colonialiste et esclavagiste. Ce qui s’impose selon Hitler, c’est qu’il ne faut pas hĂ©siter Ă  l’exercice d’un droit des maĂźtres herrenrecht d’une brutalitĂ© extrĂȘme ». En juillet 1942, Hitler promulgue une directive pour la colonisation de l’Union soviĂ©tique Les esclaves doivent travailler pour nous. Si nous n’en avons plus besoin, qu’ils meurent. » C’est ce systĂšme gĂ©nocidaire qui va ĂȘtre combattu par la rĂ©sistance antifasciste dans toute l’Europe, qui va ĂȘtre battu Ă  Stalingrad, et qui ne cessera de reculer jusqu’à ĂȘtre vaincu Ă  Berlin. Si le nazisme reprĂ©sente la quintessence du racisme et du colonialisme, servant Ă  combattre Ă  la fois, l’ennemi extĂ©rieur » les pays Ă  coloniser et Ă  diviser l’ennemi intĂ©rieur » la classe des travailleurs, sa dĂ©faite est aussi une dĂ©faite majeure des formes les plus rĂ©actionnaires du racisme, grĂące Ă  un front antifasciste au niveau international. Combiner plusieurs luttes des classes Le rapport de forces au niveau mondial a totalement Ă©tĂ© bouleversĂ© dans les trente annĂ©es qui ont suivi la DeuxiĂšme Guerre mondiale. La force de la rĂ©sistance antifasciste et la peur exercĂ©e par le communisme sur les classes dominantes, combinĂ©e Ă  la forte croissance du mouvement social, a amenĂ© dans les pays europĂ©ens un dĂ©veloppement sans prĂ©cĂ©dent de la sĂ©curitĂ© sociale et des hausses du niveau de vie. Ce changement de rapport de forces a aussi menĂ© Ă  un puissant mouvement de dĂ©colonisation des peuples du tiers monde et Ă  l’isolement croissant des tenants du racisme biologique » au niveau mondial. Fini la pĂ©riode oĂč “les peuples blancs” ont conquis une position dominante incontestĂ©e » comme l’affirmait Hitler. La Chine moderne naĂźt en 1949 et reprend le cours de son destin aprĂšs un siĂšcle de domination coloniale. Ho Chi Minh et le Vietnam dĂ©font la France Ă  Dien Bien Phu 1954, puis les États-Unis aprĂšs l’offensive du TĂȘt 1968. Le nationalisme arabe, celui du FLN en AlgĂ©rie et de l’Egypte de Nasser, est fortement influencĂ© par les courants marxistes. Le mouvement antiraciste se dĂ©veloppe dans le monde entier, en particulier aux États-Unis avec le mouvement des droits civiques dont la branche radicale de Malcolm X aux Black Panthers se rapproche du marxisme. Le dernier empire colonial, le portugais, tombe Ă  partir de 1974, avec la dĂ©route dans ses colonies d’Angola et du Mozambique. Le rĂ©gime raciste d’apartheid finit aussi par tomber en 1990, sous la pression conjuguĂ©e de la rĂ©sistance de l’ANC dont une des composantes majeures est le Parti communiste sud-africain et de la dĂ©faite des forces sud-africaines en Angola, avec le soutien de l’armĂ©e cubaine de Fidel Castro23. L’antiracisme et l’anticolonialisme ont pu faire des progrĂšs majeurs grĂące Ă  la combinaison des luttes des classes dans les luttes anti-impĂ©rialistes et anticapitalistes, et grĂące aux combats communs prĂŽnant l’unitĂ© des travailleurs. Le racisme et le nĂ©ocolonialisme ont pu, a contrario, se propager chaque fois que les classes dominantes ont divisĂ© la classe ouvriĂšre sur base de prĂ©jugĂ©s nationaux et racistes, ont opposĂ© les travailleurs du Nord aux peuples opprimĂ©es du Sud, ont rĂ©ussi Ă  imposer le chauvinisme dans le mouvement ouvrier et Ă  dĂ©tacher entre elles les diffĂ©rentes formes de luttes de classes. Face Ă  la contre-offensive nĂ©olibĂ©rale lancĂ©e il y a trente ans, ce n’est pas s’écarter mais retourner Ă  Marx, Ă  son internationalisme et Ă  sa thĂ©orie des luttes de classes qui nous semble ĂȘtre indispensable comme source d’inspiration pour combiner avec succĂšs lutte contre le racisme et lutte contre le capitalisme. Voir deuxiĂšme partie La gauche authentique face au nĂ©o-racisme et nĂ©o-colonialisme au 21e siĂšcle », David Pestieau, Lava. FootnotesDomenico Losurdo, La lutte des classes. Une histoire politique et philosophique, 2016, Editions DelgaAinsi, la hiĂ©rarchisation des luttes de classes, leur nature et les alliances de classe ont Ă©tĂ© diffĂ©rentes dans lutte contre l’occupant nazi pendant la seconde guerre mondiale et dans le cadre de l’ Marx, Le Capital, L’accumulation primitive, 6 la genĂšse du capitaliste Marx, New York Daily Tribune, 5 juin 1857LĂ©nine, Que faire ? , III politique trade-unioniste et politique social-dĂ©mocrate, les rĂ©vĂ©lations politiques et “l’éducation de l’activitĂ© rĂ©volutionnaire” »LĂ©nine, La rĂ©volution socialiste et le droit des nations Ă  disposer d’elles-mĂȘmes, 1916Karl Marx, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, 1851Karl Marx, La question juive, 1843Robin Blacburn, The Making of New World Slavery, 1492-1800, Verso, Londres-New-York, 1997, p3Lettre de Marx Ă  Lincoln, paru dans Der Social-Demokrat, 30 dĂ©cembre Meiksins Wood, Capitalism and human emancipation », New Left Review, I/167, janvier-fĂ©vrier 1988, traduit par nous NdlR.Lettre de Marx Ă  Siegfried Mayer et August Vogt Ă  New York, le 9 avril Pestieau, Interview Mary Gabriel. Amour et capital, hier et aujourd’hui », Revue Lava, dĂ©cembre 2017 Renan, Oeuvres complĂštes, p12, Calmann-LĂ©vy, 1947Lettre d’Engels Ă  Kautsky, 12 septembre 1882Sozialistiche Monatshefte, Bernstein, 1900, p559CitĂ© dans La SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale 1822-1992, Jo Cottenier, Patrick De Boosere, Thomas Gounet, p 109, EPO, 1992Ibidem, p 70Reinhard Opitz. Faschismus und Neofaschismus. Band I. 1984. Pahl Rugenstein VerlagAlldeutsch signifie qu’à leurs yeux, l’Allemagne comprend tous les Allemands, pas seulement ceux qui se trouvent au sein des frontiĂšres de l’empire mais aussi en Autriche-Hongrie et dans d’autres pays de l’Europe de l’EstConsidĂ©rĂ© par les nationalistes allemands comme le plus grand stratĂšge de la PremiĂšre Guerre mondialeCitĂ© dans Losurdo, PP XXFidel Castro dira un jour pour expliquer la solidaritĂ© cubaine en Afrique Le sang de l’Afrique coule profondĂ©ment dans nos veines. » rappelant l’origine africaine de nombreux habitants de l’üle des CaraĂŻbes

marx la recette de la lutte des classes